Les idées reçues sur la viande #2 : l’empreinte écologique de l’élevage anglais

Après avoir abordé le sujet de la production de gaz à effet de serre de l’élevage anglais, nous allons dans cet article analyser de manière plus approfondie l’empreinte écologique de l’élevage anglais et le mythe selon lequel l’élevage serait mauvais pour l’environnement. Contrairement à cette idée reçue, au Royaume-Uni, il a été démontré que le bétail contribue directement à la biodiversité.

Il est vrai que le bétail joue un rôle important dans le maintient et l’amélioration des habitats naturels. Dans certains cas même, il joue même un rôle essentiel, comme c’est le cas avec l’Azuré du serpolet (Large Blue Butterfly), pour qui les pâturages sont un habitat idéal. En réalité, une bonne gestion des pâturages permet de préserver de nombreux habitats prioritaires tels que les prairies calcaires et le bruyère des hautes terres. Selon une étude de 2019, 53% des Sites d’intérêt scientifique particulier se trouvent dans des prairies de montagne et 96% de ces Sites d’intérêt scientifique particulier en montagne se trouvent dans des conditions favorables ou de récupération.

En plus de son rôle dans le maintient des habitats naturels, le bétail permet également de préserver ou d’améliorer le sol utilisé pour les cultures, comme le démontrent plusieurs études. Bien utilisé, le fumier peut servir de fertilisant très efficace pour les cultures. Celui-ci contient de nombreux nutriments aidant à la bonne croissance des cultures et il peut également améliorer le taux de filtration et de rétention de l’eau. L’utilisation de ce fertilisant naturel permet également de réduire l’utilisation de composés chimiques contenant notamment du protoxyde d’azote.

De strictes règles ont également été mises en place dans la plupart des zones agricoles de Royaume-Uni pour limiter la pollution de l’eau par le fumier et la pollution de l’air par l’ammoniaque. Une autre étude met également en avant les processus mis en place par les agriculteurs pour réduire la concentration en ammonique dans le fumier produit par le bétail, un processus à la fois durable et rentable pour eux.

L’utilisation de l’eau par l’élevage est également souvent mise en cause par les défenseurs de l’environnement. Mais la mesure de l’utilisation de l’eau est assez complexe. Lorsque l’on calcule l’empreinte hydrique d’une activité, l’eau est communément divisée en trois groupes distincts :

  • L’eau verte : l’eau issue des chutes d’eau, utilisées là où elle tombe par les cultures et les pâturages – cette eau ne pourrait essentiellement pas être utilisée pour autre chose
  • L’eau bleue : l’eau puisée directement depuis un robinet
  • L’eau grise : l’eau douce utilisée pour diluer la pollution

L’utilisation de l’eau diffère en fonction des élevages. Pour le bœuf, on estime que 17.000 litres d’eau sont nécessaires pour produire un kilo de bœuf anglais. Cependant, seul 0,4% de ces 17.000 litres d’eau sont en réalité de l’eau bleue, et pas moins de 84,4% est de l’eau verte (de pluie) qui sert à l’entretien des pâturages. Le reste est de l’eau grise.

En ce qui concerne l’agneau, on estime que 57.759 litres d’eau sont nécessaires pour la production d’un kilo d’agneau anglais. Ce chiffre inclut seulement 0,1% d’eau bleue, et 96,6% d’eau verte, à nouveau utilisée pour l’entretien des pâturages. Le reste est de l’eau grise.

Comme le montrent ces chiffres, la majorité de l’eau utilisée pour l’élevage anglais est de l’eau dite verte, qui auraient donc difficilement pu être utilisée autrement. Au contraire de systèmes de production nécessitant une irrigation en eau dans certains pays, le véritable impact hydraulique du bœuf et de l’agneau anglais est très faible.

Qu’en est-il de la production de lait ? On considère qu’il faut 8 litres d’eau bleue pour produire un litre de lait. Ce chiffre peut cependant être mis en comparaison avec les 158 litres d’eau bleue nécessaire à la production d’un litre de lait d’amande.

On oublie souvent que l’élevage permet aussi de produire de la laine, qui est une fibre 100% naturelle, biodégradable, et renouvelable puisque les moutons produisent une nouvelle toison chaque année. Elle est également un excellent isolant qui permet de réduire les émissions de dioxyde de carbone quand on l’utilise à la maison. Mais cette incroyable ressource naturelle n’est disponible que s’il existe une industrie de l’élevage rentable.

Il y a donc de nombreux facteurs à prendre en compte lorsque l’on calcule l’empreinte écologique de l’élevage anglais. Il est également important de mentionner que de nombreux fermiers aident à la production d’énergies renouvelables, avec par exemple avec la mise en place de panneaux solaires ou d’éoliennes, ce qui permet d’alimenter en énergie des millions de foyers.

Enfin, les paysages bucoliques des campagnes anglaises, en grande partie créés par l’agriculture, attirent plus de 3 millions de touristes chaque année, ce qui permet de faire vivre l’économique locale. Les attractions de la campagne anglaise incluent une série de Parcs Nationaux et des AONB (« Areas of Outstanding Natural Beauty », littéralement les Espaces de remarquable beauté naturelle) qui reçoivent chaque année près de 70 millions de visiteurs d’un jour, dépensant un total de 1,78 milliard de £.